D I R E C T I O N S

Notes sur le sexe et la photographie
Publiée le vendredi 17 mars 2006.

Les œuvres qui nous touchent le plus sont celles qui nous font peur. Elles ouvrent en nous une brèche, dérobent le sol sous nos pieds. Effroi devant ce qui, soudain, se révèle, tout ce qu’on avait travaillé, jour après jour, à recouvrir.

La pratique sexuelle procède de la même façon (cf le titre du livre de Pascal Quignard : « le sexe et l’effroi »). L’orgasme (la petite mort) advient comme s’il achevait quelque chose du vivant.

Prise entre son dévoilement et sa perte instantanés/simultanés, la photographie (certaines photos) peut donner cela, ce grand saisissement de l’être.

Une photographie active le regard comme un corps active un autre corps. La matière-image à l’intérieur du cadre serait constituée de zones érogènes, à l’instar du corps désiré. Il y a un bien, sur une image, un ou plusieurs points nodaux, points où se nouent en même temps regard et sens, fascination et intentionnalité. Ces points, clairement identifiables, seraient à l’image ce que les parties sexuelles sont au corps. Il y aurait alors à considérer ce qui mène à ces parties. Autrement dit, les zones de plus faible excitation, zones de glissement, de contournement, d’effleurement. Ces zones qui font moins sens, ne procurent pas de jouissance, mais sont indéfectiblement liées au reste du corps, parties prenantes du saisissement ; ni béances, ni failles, ni matière saisissable. Ce qui n’est pas identifié mais qui flotte, change, s’altère. Ces zones de transition dans l’image, ces zones « faibles », c’est ce qui l’érotise, ce qui seul, peut faire monter un « regard qui touche ».



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